Le démentèlement
Trois mois après l’anniversaire de l’école, le 26 octobre 2016, la jungle prend feu. Le démantèlement total est fixé le 2 novembre.
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Combien de files
D’attente
Devront-ils former en silence?
Aux frontières,
Devant les portes d’une administration.
Loin, la guichetière
Ne peut en voir la fin.
Pour manger aussi,
Et puis se doucher.
Aujourd’hui, leur file s’étire.
Les bus les attendent.
Des cartes de France sont montrées aux réfugiés
Sous leur nez, gelé
Par l’hiver incertain.
Une région ils doivent deviner.
Leurs doigts en mitaines
Choisissent, hésitent.
Leur course se terminera-t-elle
En France, finalement ?
Les côtes anglaises sont si proches.
Les bus ont l’air chauds
Mais aussi condamnés à les éloigner
De leur but tant espéré.
La jungle est morte hier soir
Les feux n’ont laissé que des cendres
De tentes sur cette terre de boue.
Pourquoi rester ? Comment s’échapper
De la file de la misère ?
Où trouver sa place ?
À vue de nez,
Au doigt levé,
Dans un pays étranger.
Et puis pourquoi ne pas s’y installer?
Ces bus aux destinations inconnues
les mèneront-ils vers plus de sécurité ?
Le chaos de la jungle s’est tu hier soir.
L’Etat a envoyé ses bus et ses policiers
Démanteler le camp, évacuer ses occupants.
L’ordre respecté,
Les habitants attendent
De savoir quoi.